La transformation numérique n’est plus une tendance à venir, mais une réalité qui affecte profondément le développement dans le monde entier. Si les technologies numériques offrent de grandes opportunités pour accélérer le développement durable, leur impact est complexe et nécessite une analyse rigoureuse. Il est crucial de reconnaître à la fois le potentiel de progrès et les risques d’aggravation des inégalités, tant à l’intérieur des pays qu’entre eux. Il est également essentiel de souligner que le leadership et l’innovation dans le domaine numérique ne se limitent pas aux pays du Nord : de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire développent des solutions adaptées à leur contexte et montrent des pratiques exemplaires dont le monde peut s’inspirer.
Les technologies numériques peuvent constituer de puissants catalyseurs pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD). Elles stimulent la croissance économique en connectant les individus aux marchés et aux opportunités. De l’agriculture de précision à la télémédecine, en passant par la gouvernance électronique, leur impact est considérable. Surtout, les plateformes numériques facilitent la collaboration mondiale, favorisant un échange bidirectionnel de connaissances et la diffusion de solutions innovantes, quelle que soit leur origine. Cette approche valorise les collaborations Sud-Sud, Nord-Sud et Nord-Nord.
Cependant, le pouvoir transformateur des technologies numériques n’est pas intrinsèquement inclusif ni universellement bénéfique. Les avantages qu’elles offrent ne sont pas répartis équitablement, et les risques dépassent largement la simple notion de « fracture numérique ». La structure même de l’économie numérique mondiale pose des défis majeurs pour un développement équitable. Si l’accès à la technologie au sein des pays reste essentiel, l’inclusivité doit également garantir une répartition juste des bénéfices économiques de la transformation numérique entre les nations.Tous les pays doivent pouvoir participer à la définition de l’avenir numérique, et l’architecture mondiale doit soutenir, et non freiner, cette participation.
Plusieurs enjeux majeurs exigent une attention particulière. Les disparités en matière d'accès au numérique, de coût, de maîtrise et de contenu pertinent créent et renforcent les inégalités, tant à l'intérieur des pays qu'entre eux. Les biais algorithmiques, présents dans les systèmes d’IA formés sur des données incomplètes ou biaisées, peuvent perpétuer la discrimination. Les risques liés à la protection et à la sécurité des données affectent particulièrement les populations vulnérables et les pays disposant de cadres réglementaires moins robustes. La rapidité de l’automatisation et de l’adoption de l’IA menace l’emploi, surtout dans des secteurs clés pour les économies des pays à revenu faible et intermédiaire, nécessitant des stratégies proactives de requalification professionnelle et de protection sociale. En outre, l’utilisation de l’IA par les multinationales pour réduire leurs obligations fiscales peut éroder la capacité des États à financer les services publics et le développement. Enfin, la propagation de la désinformation et le potentiel d’utilisation des technologies dans des conflits constituent de graves menaces pour la stabilité politique et le progrès en matière de développement.
Le simple déploiement technologique ne suffit pas : une adoption non critique peut accentuer les inégalités existantes et créer de nouvelles vulnérabilités. Il est donc primordial d’adopter une perspective globale, qui valorise la diversité des expériences.
La conférence s'articule donc autour d'une question cruciale : Comment exploiter le potentiel transformateur des technologies numériques pour un développement durable véritablement inclusif, équitable et émancipateur ?
Cette question dépasse le cadre académique : c’est un véritable appel à l’action. Elle nécessite de dépasser les récits simplistes sur le progrès technologique et d’examiner de manière critique les forces sociales, économiques et politiques qui façonnent le paysage numérique. Il convient de prendre en compte les besoins et expériences divers de tous les acteurs, des individus aux communautés, jusqu’aux nations à l’échelle mondiale,en accordant une attention particulière aux plus vulnérables. L’objectif est de développer des stratégies qui maximisent les bénéfices des technologies numériques tout en minimisant et maîtrisant leurs risques, pour favoriser un avenir numérique inclusif, où l’innovation mondiale contribue à une véritable équité et un développement durable.
La conférence abordera cette question centrale sous un angle multidimensionnel, en intégrant les dimensions critiques de l’économie, de la gouvernance et de l’environnement. Ces axes ont été retenus car ils constituent les piliers fondamentaux sur lesquels repose un développement durable et inclusif :
ÉCONOMIE
La transformation numérique bouleverse profondément les dynamiques économiques, créant à la fois des opportunités et des défis pour l’emploi, l’entrepreneuriat et la croissance économique. Comprendre et naviguer ces changements est essentiel pour garantir un développement inclusif. Les axes principaux sont :
GOUVERNANCE
Une gouvernance numérique efficace et équitable est cruciale. Elle implique de traiter des enjeux tels que l’accès aux technologies, les droits numériques, la protection des données, les biais algorithmiques et le cadre général de régulation du numérique. Les principaux domaines d'attention sont les suivants :
ENVIRONNEMENT
Les technologies numériques jouent un double rôle vis-à-vis de l'environnement : elles constituent des outils puissants pour l'action climatique et la durabilité, tout en pouvant également générer de nouveaux défis environnementaux. Il est donc essentiel d’aborder cette dualité pour construire un avenir durable. Les principaux domaines d’intervention sont :
Avec son riche patrimoine industriel et son engagement constant en faveur de l’innovation, Clermont-Ferrand offre un contexte unique pour accueillir la conférence. Ses initiatives continues en matière de développement des compétences numériques et d’adoption des technologies apportent un éclairage précieux sur les défis et opportunités liés à la transformation numérique à l’échelle locale.
La ville de Clermont-Ferrand offre un cadre idéal pour favoriser la collaboration entre le Sud et le Nord sur la transformation numérique socialement inclusive. Des décideurs politiques, praticiens et chercheurs venus du monde entier s’y réuniront pour échanger, partager leurs expériences, croiser leurs expertises et tirer parti de leurs connaissances respectives, ouvrant ainsi la voie à des actions concrètes et porteuses de changement.
Les partenaires organisateurs, tous implantés à Clermont-Ferrand, apportent à la conférence leur riche expérience dans ce domaine, qui est également au cœur du Pôle Clermontois de Développement International (PCDI).
Le GDN pilote les efforts mondiaux visant à constituer une communauté de chercheurs et d'évaluateurs dans les pays à revenu faible et intermédiaire afin de mieux comprendre lesimpacts socio-économiques de l'infrastructure publique numérique (DPI) et de rendre ces connaissances accessibles aux décideurs politiques.
Le CERDI participe à divers projets de recherche portant sur le potentiel de la révolution numérique pour stimuler des perspectives de développement, en mobilisant des sources de données innovantes pour traiter des questions de recherche majeures.
La FERDI, à travers sa Chaire Confiance numérique collabore avec plusieurs acteurs publics et privés afin d'étudier, analyser, formuler des recommandations destinées à favoriser la transformation numérique des économies africaines.